Page:Potvin - Le membre, 1916.djvu/122

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

XIV

La minute tragique


La session, maintenant, tirait à sa fin.

Rien ne ressemble moins au couronnement de plusieurs mois passés à la fabrication des lois d’un pays que la fin d’une session parlementaire et rien n’est plus semblable à une fin d’année scolaire qu’une fin de session parlementaire : même tapage, mêmes jeux, mêmes brimades. Les ultimes leçons des dix mois scolaires et les bills de la dernière heure en voient assurément de toutes les couleurs. Au Parlement, cela commence quinze jours avant la fin alors que l’on se met à vider les pupitres de tout ce que plusieurs mois de travaux ardus et compliqués y ont accumulé.

Des galeries, les spectateurs s’amusent…

— On s’amuse toujours, du reste, à la Chambre. C’est que l’on peut y observer, en tout temps d’une session une collection de types comme il n’est pas souvent donné d’en voir d’un seul coup d’œil. Et on les observe dans leurs attitudes les plus diverses ; tantôt dans le sans-gêne engageant de l’homme d’intérieur, tantôt dans la posture la plus digne de l’homme public. Nous voyons, dans la collection, se coudoyant, l’homme qui travaille et qui bûche et celui qui ne fait rien ; l’homme correct et digne et l’homme débraillé et insouciant ; celui qui est là pour travailler à la pros-