Page:Potvin - Le membre, 1916.djvu/65

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
66
LE « MEMBRE »

colis, à emballer les effets d’hiver, à donner du poli aux couteaux et aux fourchettes, à faire des « bourres » de fusil et à rembourrer les tapis ; il savait que la gazette, surtout la gazette américaine, avait été mise au monde pour véhiculer des nouvelles ; des nouvelles qui font se pâmer les badauds, rager les politiciens et jubiler ceux qui aiment à voir leur nom imprimé dans un compte rendu de funérailles. Aussi, à ceux-là tous il en servait à toutes les sauces ; des nouvelles, il en donnait pour tous les goûts, pour satisfaire et à la fois faire rager tout le monde.

Montréal était alors le théâtre des exploits de White ; depuis un an il « faisait » dans le grand journal le « Dominion » les « scoops » dits politiques. La matière première ne lui faisait pas défaut et la fabrique fonctionnait que c’en était une bénédiction. Des ministres jusqu’aux vidangeurs, on s’arrachait le « Dominion ».

Un soir que son flair professionnel avait conduit ses pas dans une salle de l’Hôtel Windsor, White fit la rencontre du détective américain Bedger. La connaissance se fit rapidement et une bouteille de scotch cimenta si bien l’amitié de ces deux hommes que sur les trois heures après minuit, ils n’avaient plus de secrets l’un pour l’autre : le détective avait raconté au journaliste la mission dont on l’avait chargé au Canada et le journaliste avait confié au détective qu’il travaillait présentement une « affaire » dont la publication pouvait avoir pour résultat la chute d’un gouvernement.

Le fait est que cette mission du détective Bedger