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LE « MEMBRE »

nous rendre par les longs corridors au parquet feutré, jusqu’aux pièces dans lesquelles doit briller la lumière mystérieuse. Admirons au passage certaines pièces luxueuses que nous traversons, leurs murs lambrissés où brillent d’exquises natures mortes, des sous-bois transparents sous la verdure de leurs nefs, des scènes de chasse. De grandes jardinières fleurissent les bouts des tables… De loin, une mélodie s’élève comme pour braver la tempête du dehors ; dentelle aérienne de notes exquises, elle erre d’une pièce à l’autre, subtile et délicate, comme se jouant aux velours des meubles et aux franges des portières…

Mais nous voici rendus au point qui nous occupe. Nous sommes devant la chambre 999. Comme nous sommes invisibles, nous allons pénétrer dans la pièce et voir sans être vu ; entendre jusqu’aux battements des cœurs de ceux qui sont là. »

Quatre hommes, dans des attitudes bien différentes, causent. Ils viennent de terminer un travail à la vérité fort mystérieux. Nous connaissons déjà deux de ces personnages ; l’un est Jas-Carl Mulrooney et l’autre est le journaliste Edward White. Quant aux deux autres, leur rôle dans ce récit sera assez effacé et nous ne perdrons pas un temps précieux à les décrire. L’un est un jeune homme qui paraît avoir vingt ans : physique d’un reporter ou d’un sténographe ; il porte un binocle et ses compagnons l’appellent Reaves. L’autre est un homme entre deux âges, sorte d’Anglo-Saxon, à la tête chauve comme un mur d’église ; donnons-lui le nom de James S. Simpson.

Au moment où nous pénétrons dans la pièce, l’An-