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le tour du saguenay

monde eut péri là, si, à l’aurore, n’était pas arrivé le pilote du roi, M. de la Gorgandière, qui venait rencontrer le vaisseau pour le conduire à Québec. Les passagers et les officiers furent transportés à Québec par eau. Les autres s’y rendirent par terre, à petite journée. Vers 1850, le capitaine Joseph Lajoie, de l’Île-aux-Grues, a trouvé en cet endroit un des canons de l’« Éléphant ». Il en fit cadeau au Séminaire de Québec.

Les premiers habitants de la Baie Saint-Paul et de la Petite-Rivière-Saint-François furent desservis, d’abord par voie de mission, par les curés de Sainte-Anne-de-Beaupré jusqu’en 1685.

C’était un voyage bien pénible que d’aller de Sainte-Anne à la Baie-Saint-Paul ; il fallait longer le rivage, dans l’eau et dans la boue, à pied ou à cheval, mais à marée basse seulement. Il fallait avoir bien soin de prendre alors l’apoint de la marée si l’on ne voulait pas s’exposer à être noyé. Bien des gens ont péri. Ce fut le triste sort de Messire François Filion, l’un des premiers curés de Sainte-Anne-de-Beaupré, qui périt tragiquement, dans les caps, le 14 juin 1679, en voulant sauver, dans une tempête, les gens d’un canot sur lequel il se rendait à la Baie-Saint-Paul.

Si l’on s’en rapporte à la tradition, il sauva toute la canotée, mais en conduisant à terre la dernière personne, un coup de mer lui fracassa la tête sur un rocher. Il fut trouvé à la marée basse. Une jeune fille de Petite-Rivière, du nom de Bouchard, garda son corps enseveli dans un cercueil d’écorce de bouleau et le transporta, quelques jours plus tard, des Caps à Sainte-Anne, en traînant le cercueil derrière son canot. L’acte pieux de Mlle Bouchard lui mérita du Séminaire une place