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Page:Potvin - Sous le signe du quartz, 1940.djvu/157

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çons humaines, ici, boiteuses, là, bancales, ailleurs, bossues, partout, eczémateuses ?…

Val d’Or !… est-ce une de ces petites villes-souricières où le gangster s’en va guetter la sortie des mineurs chanceux ; où s’organisent, en tout premier lieu, les trois genres d’entreprises qui aident à dépouiller subito presto, le nouveau riche d’une richesse trop rapidement acquise : le bar, le tripot, la prostitution ?… Y a-t-il là un Soapy Smith, un Sleepy Joe ?… Et combien de malheureux se laisseront-ils dépouiller au poker, enivrer au bar et entôler par les filles ?…

Non, rien de tout cela à Val d’Or.

« Au commencement étaient les épices », écrit Stefan Zweig en commençant un funambulesque récit des expéditions de Fernando de Magellan à la recherche de la route des Indes pour le compte de l’Espagne… Au commencement, en Abitibi, était la grande forêt résineuse éternellement verte où vivaient en une douce liberté de débonnaires familles indiennes. Trois siècles pleins s’étaient écoulés depuis que Jacques Cartier avait planté la croix aux fleurs de lys sur les hauteurs qui dominent la baie de Gaspé quand les premiers blancs pénétrèrent dans cette partie du « Wild » québécois. Jusqu’alors, on avait défriché, fondé et bâti des villes et des villages tout le long du Saint-Laurent dont on n’avait pas voulu, semble-t-il, s’éloigner des ri-