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Page:Potvin - Sous le signe du quartz, 1940.djvu/228

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tomne et l’hiver derrière lui. Mais quelle nuit splendide se prépare autour de nous ! Silence ; une minute, c’est un calme soporifique ; une tranquillité de commencement du monde. Puis voici, du côté de la forêt, quelques roulades de cri-cri des derniers pépiements des oiseaux et les premières rumeurs nocturnes. Les habitants de la nuit se préparent à répondre à l’appel des premières étoiles. Le lac, plaqué d’argent fondu, s’étend dans un vaste cirque de collines basses aux courbes harmonieuses et souples comme une onde qui s’apaise,

Pour le moment je rêve, en regardant à travers la fumée de ma pipe que nul vent ne chasse, la Croix du Sud tourner dans le ciel profond. Dans cet air tranquille du soir tombant, je me sens envahi d’émotions douces et de pensées apaisantes. L’ambiance du paysage me semble amicale. La forêt ressemble à un paradis d’ombrage et de confort en même temps qu’un grouillement de vie discrète et cachée. Des bouffées d’odeurs de bois me frappent au visage… Est-ce bien là un coin de cette terre âpre et rugueuse qui défend avec obstination le métal qui se cache en ses flancs ?… Cette « terre qui paye » et dont on cherche avec tant d’avidité à percevoir les multiples parcelles jaunes, plus lumineuses, plus belles encore, aux yeux des humains qui les cherchent, que la lune qui vient de déchirer un voile de nuages et qui risque un