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Page:Potvin - Sous le signe du quartz, 1940.djvu/256

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ment qu’il voit là, toujours, cette tache noire… Mais qu’est-ce donc ?

L’Île Siscoe avec ses moulins, ses puits, ses broyeurs, ses tranchées d’où l’on a extrait déjà tant d’or que, des déchets du minerai sorti du fond du lac, on a fait de l’île comme une presqu’île. Et de cette activité de l’Île Siscoe ont surgi, sur la terre ferme, d’autres moulins ; se sont creusés d’autres puits, d’autres tranchées d’où l’on sort de l’or, toujours de l’or… Non. elles n’en manqueront pas, l’épouse et les fillettes !…

Sous ce froid intense, et qu’il sent pourtant bienfaisant, qui paralyse toutes ses douleurs, s’épure sa mémoire autant que sa vision. Il se rappelle tout ; il voit tout sous les clartés lunaires qui bleuissent la neige… Voilà vingt ans, oui, c’est bien cela, en 1915, il prospectait dans la plaine abitibienne qu’il imaginait comme un vaste banc de quartz recouvert d’une très mince couche de terre alluvionnaire. Des découvertes d’or, alors, avaient déjà été faites en juillet 1911, par J.-J. Sullivan et Hertel Authier, sur les bords du lac Keinawisik, — aujourd’hui de Montigny — ​, et il avait découvert lui-même la même hallucinante couleur sur cette île qui porte son nom alors qu’il en avait déjà trouvé sur la presqu’île qui s’avançait du nord-est vers l’île… Alors, il se mit à travailler à la mise en valeur de ces terrains aurifères… Il n’était pas un mi-