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Page:Potvin - Sous le signe du quartz, 1940.djvu/258

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qui, un jour, doivent laisser tout cela… Mais tout de même, le métier de chercheur d’or est encore le seul métier vraiment honnête ; on n’exploite personne ; on ne trompe personne. Ce qui vient de la mine retourne à la mine. Stanley Siscoe a la conscience tranquille… Il peut s’en aller… s’en aller, mourir !… Déjà ! Vrai ; c’est trop tôt ; il est trop jeune : quarante-deux ans seulement… Les sourires de l’avenir sont trop engageants… Allons, un effort ! Non, mais, qu’est-ce ? C’est à peine s’il peut, sur son coussin de neige, tourner la tête. Il n’y a plus devant ses yeux qu’un carré du ciel plein d’étoiles… Comme il est faible ! Il lui semble que son visage s’élime, que ses yeux s’enfoncent dans leurs orbites, que son corps se rapetisse, que sa voix devient mince et apeurée. Il tente de crier, de se dire quelque chose à haute voix ; des mots, au hasard, comme ils lui viennent. Il ne les entend pas. Alors il eut peur… N’y aurait-il donc vraiment plus d’espoir dans le secours ? Plus même de cet espoir de vivre qui n’abandonne jamais les plus misérables ?…

Mais tout cet or, à quoi il a consacré le meilleur de sa vie, qu’il a cherché, qu’il a trouvé au tréfonds de la terre et qu’il a fait reluire au soleil, pourquoi ne vient-il donc pas, lui, le sauver ? Il est, soit, un des pionniers de ce nouveau Klondyke québécois, l’Abitibi ; il a contribué, jusqu’à présent, à enrichir le monde de vingt millions