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Page:Potvin - Sous le signe du quartz, 1940.djvu/77

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rience de sa longue carrière passée à courir forêts, montagnes et plaines, fleuves, lacs et rivières, au sein d’équipes de géologues ou de forestiers, lui servait autant que ses lectures.

Ce soir-là, il fut d’abord, selon son habitude, silencieux. Assis sur un bout de grume, les coudes appuyés aux genoux, suçant de ses lèvres épaisses le bouquin d’ambre de son brûle-gueule, il semblait écouter autant son rêve que les propos de ses compagnons. Et tout à coup il parla.

Ce fut comme une détente chez les hommes, du coup regaillardis, juste au moment où la lune, déjà haute dans le ciel, on songeait à gagner la tente pour la nuit. La terre à cet instant rayonnait sous un féérique clair de lune…

« Mais qu’est-ce que vous entendez plus précisément, père Lasnier, par ce « Bouclier Canadien » ? demanda Jos. Dufour.

— C’est, mon garçon, cet immense plateau qui, sous la forme d’un U à très larges branches d’inégales longueurs, se déploie sur toute la partie nord-est de notre continent. Une de ces branches embrasse toute la péninsule du Labrador jusqu’au Saint-Laurent. Toujours très large, elle contourne la Baie d’Hudson, puis s’étend vers le nord-ouest, s’élargissant sans cesse : elle longe d’un côté la rive occidentale de la baie, et de l’autre, atteint l’embouchure du fleuve MacKenzie dans l’océan glacial arctique…