Page:Pouchkine - Eugène Onéguine, trad. Paul Béesau, 1868.djvu/118

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

parle de mort, eh bien ! il faudra ressusciter tout le monde !

— Nullement ! vous pouvez écrire des odes, messieurs,


comme faisaient les poètes anciens.

— Rien que des odes solennelles !… Mais, mon ami, tout cela n’est-ce pas la même chose ? Est-il bien vrai que le style de nos poètes lyriques vous paraisse plus supportable que le ton mélancolique de nos poètes élégiaques ?[1]

— Mais qu’y a-t-il donc dans l’élégie ? Rien ! son objet, son but, tout n’est que tristesse et inanité ; dans l’ode, au contraire, tout est grand et noble !

— Voici matière à discussion ; mais je préfère me taire plutôt que de commencer une querelle de deux siècles. »


Wladimir adorait la gloire et la liberté. Dans ses transports enthousiastes, il aurait écrit des odes si Olga avait voulu les lire. — Les poètes élégiaques

  1. La langue russe se prête plus facilement à la tristesse ; toute la littérature populaire est plus ou moins mélancolique.