Page:Pouchkine - Eugène Onéguine, trad. Paul Béesau, 1868.djvu/139

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chambre, on se presse, on se pousse ; les nouveaux visiteurs passent au salon ; ce n’est qu’aboiements de chiens, baisers retentissants des demoiselles, bruit, rires, salutations. La porte est encombrée, les nourrices crient, les petits enfants pleurent.


On voit arriver le gros Poustiakoff avec sa grosse femme ; Gvosdine, excellent administrateur, propriétaire économe de paysans qui ne deviendront jamais riches : enfin le couple grisonnant des Skotinine avec leurs enfants de tout âge, depuis deux ans jusqu’à trente. Pétouchkoff, le petit maître du district entre avec mon cousin Bouianoff, tout couvert de ouate et en casquette à visière verte (suivant son habitude bien connue) ; avec eux se trouve le conseiller en retraite Phlianoff, querelleur étourdissant, vieux coquin, gourmand jusqu’à la gloutonnerie, et de plus bouffon, plus ou moins plaisant du reste.


Puis, avec la famille Pamphile Karlikoff, apparaît un diseur de bons mots, récemment arrivé de Tamboff et portant des lunettes et une perruque rousse, Monsieur Triquet. En véritable Français, monsieur Triquet a dans sa poche un couplet pour