Page:Pouchkine - Eugène Onéguine, trad. Paul Béesau, 1868.djvu/140

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Tatiana, qui commence par ces mots : « Réveillez-vous, belle endormie, » et que les enfants connaissent très-bien. Ce couplet se trouvait dans un almanach, au milieu de vieilles chansons, et Triquet, poète perspicace, l’a fait sortir de son obscurité et a substitué hardiment à belle Nina, — belle Tatiana.


L’idole des demoiselles d’un âge mûr, la consolation des mères, le chef de l’escadron de cavalerie, arrive enfin. Il entre… Grande nouvelle ! il y aura musique militaire, par ordre du colonel lui-même ! Quel bonheur, il y aura bal ! Les petites filles sautent d’avance. — Mais le dîner est servi. On se dirige vers la table, deux à deux, la main dans la main. Les jeunes filles se pressent autour de Tatiana : les hommes prennent place en face, et tout le monde s’assied, après avoir fait le signe de la croix.


Maintenant toute conversation est suspendue : le travail des mâchoires se fait. De toutes parts, on entend le bruit des verres, des assiettes et des couteaux. Bientôt personne n’écoute, tous crient, tous se lancent dans de violentes discussions ; alors la porte s’ouvre : Lensky et Onéguine