aliment journalier : c’était la science des tendres passions qu’Ovide a chantées, et qui l’ont fait achever ses jours orageux en Moldavie, dans le fond d’une steppe, loin de son Italie.
Comme Eugène apprit vite l’art de feindre !
Comme il sut vite dissimuler l’espoir, paraître jaloux,
faire croire le oui ou le non, se montrer
sombre, accablé de tristesse, fier et soumis, attentif
et indifférent ! Comme son silence était languissant,
son éloquence ardente ! Avec quelle indifférence
il écrivait ses billets d’amour, et pourtant
comme il semblait n’avoir qu’un vœu, qu’un désir
et s’oublier tout entier lui-même !…
Comme il savait paraître novice, et, par la naïveté de ses plaisanteries, étonner l’innocence ! Comme il savait jeter l’effroi par un désespoir toujours prêt, se servir d’une caresse insinuante pour saisir le moment de l’émotion, préjugé des innocentes années ! Comme son esprit et sa feinte passion le faisaient triompher des obstacles ! Comme il attendait une caresse involontaire !