Page:Pouchkine - Eugène Onéguine, trad. Paul Béesau, 1868.djvu/82

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— C’est celle qui, triste et silencieuse comme Svetlana, a traversé le salon pour aller s’asseoir près de la fenêtre.

— Celle-ci est l’aînée. Et tu es amoureux de la cadette ?

— Oui, eh bien ?…

— Moi, si j’étais poète comme toi, je serais amoureux de l’autre. Olga n’a point de vie dans les traits, c’est une madone de Van Dyck ; sa figure est ronde et rouge comme cette lune qui nous regarde si bêtement ! »

Wladimir fit une réponse quelque peu sèche, et garda le silence le reste du chemin.


Cependant l’apparition d’Onéguine avait fait grande sensation chez les Larine ; tout le voisinage s’en occupait. On fit conjecture sur conjecture, les langues allèrent leur train, et l’on se perdit dans le champ des suppositions : les uns le fiancèrent à Tatiana, d’autres allèrent jusqu’à affirmer que le mariage était décidé, et que la seule difficulté de trouver un anneau à la mode le retardait. Tant qu’au mariage de Lensky, il était depuis longtemps regardé comme certain.