Page:Pradels - Rupture de banc, 1887.djvu/8

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même ; « Cré nom, que ça doit coûter cher un banc ! que je pourrai jamais le payer avec mon prêt. »

Le juge, il me dit d’un air sévère : — « Ah ! vous êtes en rupture de banc, mon gaillard ? — Monsieur le juge, c’est pas moi, c’est Aglaé. — Vous avouez donc avoir eu des complices ? — Mon juge, je vous jure que c’est elle qui a tout fait. — La justice tiendra compte de vos aveux : dites-nous comment la chose s’est passée ; ne cachez rien de votre horrible forfait. — Mon magistrat, je vous assure qu’il était bien usé déjà. — Comment, usé, il avait à peine cinquante ans. — Mais, me ressemble que cinquante ans pour un… — Assez : votre cynisme est odieux. » Moi, je me tais, vu que je ne savais pas ce que c’est que mon cynisme, mais que je me pensais toujours intérieurement, en moi-même : « Cré nom, que ça doit coûter cher, un banc. »

Alors, le juge il me recommence : — « Et vous dites que c’est votre complice, une nommée Aglaé, qui vous a aidé dans le crime ? — Oui, mon juge, c’est elle, en s’assoyant dessus. — C’est ça, dit le juge, ils l’ont étouffé ;… écrivez, greffier. » Moi, je comprenais plus rien du tout.

— « Retracez-nous la scène du crime, et soyez sincère ; parlez, Roupignol. — S’-où plait ? — Parlez Roupignol. — Pardon, excuse, mais je m’appelle pas Roustignol, je suis Bidoche. — Ne cherchez pas à