Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1898, 8.djvu/3

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présente est qu’il a été érigé par souscription nationale et qu’un certain nombre de noms, dont celui de son grand-père, sont gravés sur une plaque qui en fait partie.

M. J. Périn pense que rien ne justifiait l’enlèvement de ce monument.

M. le Président ajoute que le Conseil municipal n’a jamais été consulté à ce sujet.

À la suite de ces observations et sur la proposition de son président, la Commission émet un vœu tendant à replacer le monument de Desaix dans un square ou sur une promenade publique.

Des remerciements seront adressés à M. Corlieu pour ses communications.

M. le Président donne lecture d’une lettre ci-après, de M. Paul Flobert, relative aux anciennes plaques indicatrices des noms de rues :

« Monsieur le Président de la Commission du Vieux Paris.
Paris, le 5 novembre 1898.
Monsieur le Président,

Épris, comme bien d’autres, des curiosités de notre vieux Paris, je viens vous signaler un fait qui passe inaperçu, mais qui, pour n’être pas d’une grosse importance, n’en est pas moins à même d’éveiller votre sollicitude pour tout ce qui touche à nos vestiges.

Je veux parler des vieilles plaques de rues gravées sur pierre et notamment dans le VIe arrondissement.

L’Administration ne s’est jamais occupée du sort de ces plaques ; quelques-unes, je ne sais comment, ont été transportées à Carnavalet, mais les autres, dont quelques-unes sont fort curieuses, sont le jouet d’une ignorante profanation.

J’ai assisté dernièrement au spectacle suivant :

À l’angle de la rue Suger, n° 15, et de la rue de l’Éperon, n° 5, il existait une plaque rappelant un endroit fort oublié :

« Rue du Cimetière Saint-André »,

qui est d’autant plus intéressante que la période révolutionnaire y avait laissé des traces en grattant le « St ».

Dernièrement donc, des ouvriers bien intentionnés, mais à coup sûr fort ignorants, n’ont rien trouvé de mieux que de sceller à même une plaque superbement bleue de rue Suger, en abîmant naturellement l’ancienne.

J’assistais impassible et j’ai voulu me rendre compte s’il y avait été fait exprès. C’est heureusement hasard et malheureusement le fait est trop fréquent.

Dans le même quartier, j’ai relevé en divers endroits :

Sur l’Institut, angle rues de Seine et Mazarine, 2 plaques abîmées.

Rue Mazarine, angle rue Guénégaud—15 et 17, rue Mazarine, 2 plaques abîmées.

51, rue Mazarine, angle rue Dauphine, plaque heureusement conservée.

52, rue Saint-André-des-Arts et 27, rue des Grands-Augustins, 2 plaques légèrement abîmées. Celle de la rue Saint-André-des-Arts a le « St » supprimé par la Révolution.

Rue Saint-André-des-Arts—1, rue de l’Éperon, plaque conservée.

15, rue Suger et 5, rue de l’Éperon, 2 plaques abîmées.

Il vous suffirait, je crois, Monsieur le Président, d’un mot pour arrêter ce vandalisme.

Il n’existe certainement pas de règlement pour déterminer la place exacte des nouvelles plaques : 20 centimètres plus haut ou plus bas n’empêcheraient pas les passants de lire le nom de la rue, et si, ma foi, on ne pouvait la mettre à une autre place, il n’en coûterait pas bien cher à la Ville de retirer la vieille et de la transporter à Carnavalet.

Que celles qui peuvent être conservées restent ; elles sont un attrait pour le curieux. Que leur disparition se fasse le plus tard possible !

Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma haute considération.

Paul Flobert, 82, rue du Ranelagh. »

Des remerciements seront adressés à M. Paul Flobert et sa lettre est renvoyée pour rapport à la lre Sous-commission.

M. le Président donne également lecture d’une lettre relative à une ancienne dérivation d’eau rue du Faubourg-Poissonnière.