Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 1.djvu/284

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voudra, recevoir leur solution. Une immense division de la science morale, tranchée jusqu’ici par le sabre du despotisme, la lance du noble et le glaive de l’Église, va s’élaborer en équations rigoureuses, en dehors de la raison théologique, qui n’a rien su, rien vu, rien compris, et dont la calomnie, depuis 70 ans, proteste avec rage.

Réciprocité du respect, premier article du code révolutionnaire ; réciprocité du service, c’est-à-dire réciprocité dans la propriété, dans le travail, dans l’éducation, dans le crédit, dans l’échange, dans l’impôt, dans la critique, dans le pouvoir, dans le jugement : deuxième article.

Voilà contre quoi s’élève l’Église, de quel sujet de plainte elle remplit ses chaires, ses écoles, ses conciliabules, pourquoi elle accuse la Révolution de prêcher le matérialisme, le sensualisme, l’épicuréisme, et de perdre la morale.

Il est évident en effet que si, par une simple déduction de l’idée de Justice telle que nous l’avons précédemment définie, les hommes peuvent être faits égaux et maintenus libres, l’esprit des mœurs et des lois est changé de fond en comble. Plus de subordination de l’homme à l’homme, par conséquent plus de hiérarchie, plus d’Église, plus de dogme, plus de foi, plus de raison transcendantale. Toutes ces choses n’ayant de raison d’être que dans la nécessité présumée de faire prévaloir, soit par la religion, soit par la force, la société contre l’égoïsme, elles disparaissent dans un système où le droit, devenu adéquat à la liberté, trouve sa garantie dans la conscience, où la maxime de Justice ne peut tarder par conséquent de paraître identique à la maxime de félicité elle-même.

Le moins qui puisse arriver ici au christianisme est d’être déclaré superflu. C’est ce qu’a très-bien compris l’école de MM. Buchez et Ott, représentants modernes de la dé-