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mocratie chrétienne. Il résulte de leurs publications (voir entre autres le Traité d’économie politique de M. Ott, Paris, Guillaumin), que l’égalité n’est pas réellement le produit des forces économiques balancées par la Justice, mais le décret d’une société dont le principe et le mobile ne peuvent être donnés que par la religion. Pour être associés, et par ce moyen devenir égaux, selon MM. Buchez et Ott, il faut une foi, une grâce surnaturelle, une théologie. À ce compte, MM. Buchez et Ott sont d’accord avec l’épiscopat : ils ont tort de faire schisme. N’est-ce pas la gloire de l’épiscopat de pouvoir dire : L’idolâtrie, la philosophie, l’économie politique, la Justice et la nature vous avaient faits ennemis ; l’Évangile seul vous a rendus frères ?….

XXIV

J’arrive à l’argument des théoriciens de l’inégalité.

La Justice, disent-ils, est égalitaire ; la nature ne l’est pas. Or, les phénomènes économiques appartiennent à la fatalité objective ; prétendre les plier aux convenances de la Justice, ce serait vouloir mettre la nature sur le lit de Procuste, faire violence à la nécessité, une folie monstrueuse.

Cet argument a été rebattu à satiété par les économistes et théodicastres, criant à tue-tête que l’égalité n’existe nulle part, qu’elle viole la nature et l’humanité ; que l’inégalité est la loi du monde, la loi de l’art, la loi de la morale.

M. Jobard, l’âpre monautopoliseur bruxellois, qui, comme tant d’autres, avec tout l’esprit du monde ne regarde jamais les choses que de l’œil gauche, n’a pas assez de sifflets pour cette malheureuse égalité.

« Il est certain, dit ce penseur, que si nous avions appris à modeler nos institutions sur les lois qui régissent l’univers, nous ne pourrions plus nous tromper aussi grossièrement que nous