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sent leurs efforts ; qu’ils multiplient leur puissance par la division, par les machines, par l’émulation qui vient à la suite, leur produit ne sera plus comme 2, il sera, je suppose, comme 3, puisque chacun ne produit plus seulement par soi, mais aussi par son compagnon. Si le nombre des travailleurs est doublé, la division devenant, en raison de ce doublement, plus grande qu’auparavant, les machines plus puissantes, le concours plus énergique, ils produiront comme 6 ; si leur nombre est quadruplé, comme 12. Cette multiplication du produit par la division du travail, les machines, la concurrence, etc., a été démontrée maintes fois par les économistes : c’est une des plus belles parties de la science, le point sur lequel tous les auteurs sont unanimes…

« Donc, si la puissance de reproduction génitale est comme 2, 4, 8, 16, 32, 64, la puissance de reproduction industrielle sera comme 3, 6, 12, 24, 48, 96. — En autres termes, dans une société régulièrement organisée, tandis que la population s’accroît selon une progression géométrique dont le premier terme est 2, la production s’accroît selon une progression géométrique dont le premier terme est 3. » (Système des Contradictions économiques, t. II, p. 319, édition de Garnier frères.)

Voilà ce que j’écrivais en 1845, après avoir lu Malthus. Serait-ce un parti pris chez ses disciples, après avoir crié qu’on ne les lit pas, de ne pas lire non plus leurs adversaires ?

De ces deux redressements, tant sur la tendance de la population que sur celle de la production, il résulte déjà que le problème a été mal posé par Malthus. Il devait dire :

1. En principe la population, considérée dans sa cause purement organique, tend à s’accroître, si rien ne lui fait obstacle, selon une progression géométrique, par chaque période de 18, 2o, 30 ans ou au delà.

Sous ce rapport, il en est de la race humaine comme de toutes les espèces animales et végétales : sa puissance de reproduction est de soi illimitée ; et elle agit avec une rapidité prodigieuse.