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ne manqua pas à sa tâche. Le seul homme qui en 93 entrevit l’égalité, mis hors la loi et découvert par la police du tribun, fut forcé de s’empoisonner pour échapper au bourreau. Le sang de Condorcet, de Danton, de Vergniaud, de Lavoisier, de Bailly, a rejailli jusque sur nous, et nous attendons la République.

XLII

Et maintenant, Monseigneur, répondez-moi.

La critique socialiste a convaincu d’erreur l’antique économie ; l’iniquité de la loi féodale a été démontrée, la formule du préteur réduite à l’absurde. L’identité de tous ces termes : Justice, égalité, garantie mutuelle, bien-être, progrès, est devenue un lieu commun. Nous savons ce qui fait notre mal et ce qui ferait notre bien ; et la responsabilité de nos douleurs a été reportée sur l’Église, héritière du paganisme et institutrice de la société moderne.

Protestez-vous contre cette accusation qui s’élève de toutes parts ? Direz-vous, avec quelques jeunes théologiens à qui le mouvement de la civilisation a dessillé les yeux, que la liberté, la Justice, l’égalité, le respect réciproque, la balance des forces, les garanties qui en résultent, que tous ces principes, ces règles de droit, dont j’ai montré l’origine dans la pure conscience de l’homme, sont aussi du christianisme ; que le christianisme les a connus avant la Révolution, et que l’Église ne demande rien tant aujourd’hui, comme autrefois, que de voir ses enfants les mettre en pratique et y conformer toute leur vie ?

Commencez donc par réformer votre enseignement, et surtout votre discipline. Acceptez pour vous, comme pour les autres, la balance du droit et du devoir, rendez aux familles dépouillées ces biens que la superstition