Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 1.djvu/369

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vous a dévolus ; contentez-vous de votre salaire ; réglez ce casuel, misérable dans les campagnes, scandaleux dans les villes ; abstenez-vous de ces levées de subsides, surtout de ce cumul de fonctions industrielles, mercantiles et pédagogiques, aussi contraires à la dignité du sacerdoce qu’à la probité publique. Dites, enfin, dans vos écoles, dans vos colléges, dans vos séminaires, dans toutes vos paroisses, dites et proclamez à haute voix, et prouvez par vos actes, que la démocratie vous a méconnus, que vous êtes d’accord sur tous les principes avec la Révolution. Affirmez avec nous la liberté, l’égalité, la fraternité, la juste propriété, la balance sociale, le travail garanti, le crédit organisé, la rente égale pour tout le monde. Faites cela ; et puisque vous jouissez auprès du Pouvoir d’une influence sans bornes, occupez-vous tout d’abord de lui redemander ces libertés que la Révolution a fait éclore, et dont rien ne justifie ni ne compense le retrait.

La société devra-t-elle attendre que vous ayez mis d’accord vos maximes anciennes avec vos devoirs présents ? Mais à qui la faute, je vous prie, si les événements vous devancent, si votre profession de foi, avec ses dix-huit siècles d’antiquité, se trouve aujourd’hui en retard ? Pourquoi ne vous êtes-vous pas saisis à temps de ces grandes vérités que découvre chaque jour à la civilisation réjouie la science nouvelle ? Pourquoi l’Église, au lieu de se cramponner en aveugle à son effroyable dogme, n’a-t-elle pas fait de ces découvertes, effectuées ou seulement prévues, la base de sa morale ? Pourquoi, toujours affable aux grands, n’a-t-elle cessé de fouler et de refouler les malheureux ? L’Église, si elle avait embrassé résolument la cause de la Justice, eût été toujours reine ; le cœur des peuples serait demeuré avec elle ; on n’aurait vu dans son sein ni hérétiques ni athées. La distinction des puissances n’eût jamais été faite ; et Pie IX, unique souverain