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voie de l’analyse ; pourquoi les lettres de l’alphabet, les noms de nombre, les figures de géométrie, furent, la plupart, nommés de ces instruments, ainsi que l’étymologie en témoigne ; pourquoi les radicaux des langues ont tous un air de famille qui a fait croire longtemps à une langue primitive, tandis qu’ils ont l’expression de la pratique industrielle, partout identique, au sein de laquelle ils ont pris naissance.

XXXV

Encyclopédie ou polytechnie de l’apprentissage.

La première partie de notre proposition est donc établie : L’idée, avec ses catégories, surgit de l’action ; en autres termes, l’industrie est mère de la philosophie et des sciences.

Il reste à démontrer la seconde : L’idée doit retourner à l’action ; ce qui veut dire que la philosophie et les sciences doivent rentrer dans l’industrie, à peine de dégradation pour l’Humanité. Cette démonstration faite, le problème de l’affranchissement du travail est résolu.

Rappelons d’abord en quels termes ce problème a été posé.

Le travail présente deux aspects contraires, l’un subjectif, l’autre objectif. Sous le premier aspect, il est spontané et libre, principe de félicité : c’est l’activité dans son exercice légitime, indispensable à la santé de l’âme et du corps. Sous le second aspect, le travail est répugnant et pénible, principe de servitude et d’abrutissement.

Ces deux aspects du travail sont inhérents l’un à l’autre, comme l’âme et le corps : d’où résulte, à priori, que toute fatigue et déplaisance, dans le travail, ne saurait absolument disparaître. Seulement, tandis que sous le régime des religions la fatalité prime la liberté, et que la répugnance et la peine sont en excès, on demande si,