Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 2.djvu/237

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sous le régime inauguré par la Révolution, la liberté primant la fatalité, le dégoût du travail ne peut pas diminuer au point que l’homme le préfère à tous les exercices amusants inventés, comme remèdes à l’ennui et réparation du travail même ?

Question de vie ou de mort pour la Révolution, comme toutes les questions que soulève la destinée sociale.

D’homme à homme, la balance doit être tenue toujours égale : ainsi le veut la Justice, nous l’avons quatre fois démontré en traitant des personnes, des biens, du gouvernement, de l’éducation.

De l’homme à la nature, ou, comme nous disions tout à l’heure, de la liberté à la fatalité, cette égalité ne suffit pas ; il faut, à peine de déchéance, que la balance devienne pour la première de plus en plus favorable.

Égalité dans la condition des personnes, sauf ces différences légères que la nature a jetées entre les êtres et que la liberté néglige, mais prédominance assurée de l’homme sur les choses, par l’emport croissant de son industrie : telle est la double proposition soutenue par la Révolution, parlant pour tous les travailleurs, d’une part, contre l’Église, protestant au nom de toutes les sectes mystiques et aristocratiques, d’autre part.

Il y va, je le répète, du bien-être de l’humanité, de la gloire de sa raison, de la dignité de son caractère, de la noblesse de ses affections, de la satisfaction de sa Justice. C’est la vie humaine tout entière de nouveau mise en jeu par la nécessité mystérieuse du travail.

XXXVI

Les ouvriers ont, en général, le sentiment très-vif d’une amélioration possible de leur sort, non-seulement au point de vue des libertés politiques et de la propriété, mais à celui des conditions même du travail.