Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/166

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le système de la Révolution, est supérieure à la foi, ce qui a fait dire un peu crument qu’elle était athée. Si donc le prêtre, par le suffrage de ses concitoyens, est revêtu d’un caractère politique, chargé d’un mandat parlementaire ou ministériel, ce ne sera pas, si vous voulez, directement et exclusivement comme prêtre, ce sera, je le répète, tout à la fois comme citoyen et prêtre. Le sacerdoce, dans un État où l’utilité de la religion est reconnue et la liberté des cultes admise, redevient un titre au mandat politique, ni plus, ni moins que la qualité de légiste, de savant, de commerçant ou d’industriel. Il en sera absolument de même si le prince des prêtres, autrement dit le Pape, est élu Président de la république, chef de l’État dans lequel il réside. Chacun reste libre, dans son for intérieur, d’attribuer cette élection au souffle du Saint-Esprit, Placuit Spiritui sancto et nobis ; devant la loi civile elle résulte du droit révolutionnaire, qui a déclaré tous les hommes égaux devant la loi, admissibles à tous les emplois et souverains juges de la religion qu’il leur convient de suivre. Qu’après cela un théologien scrupuleux s’en vienne blâmer ce cumul du temporel et du spirituel, prétendre qu’il y a violation de la loi du Christ, qu’est-ce que cette dispute de séminaire fait à la démocratie ? Sommes-nous, oui ou non, la postérité de 89 ?


Remarquez que pour soutenir cette argumentation je n’ai pas besoin de recourir au droit fédératif, plus libéral, sans comparaison, que le droit unitaire ; il suffit que je me place sur le terrain de la monarchie constitutionnelle, qui est celui de la république une et indivisible ; sur le terrain de M. de Cavour et de toute la démo-