Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/167

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cratie franco-italienne, terrain défriché, planté et arrosé par Voltaire, Rousseau, Mirabeau, Robespierre, Talleyrand et tous nos auteurs de constitutions. Ce pouvoir temporel du Saint-Siége, qui scandalise nos esprits forts, contre lequel on argumente de saint Mathieu, de saint Paul, de saint Thomas, etc., eh bien, il se justifierait au besoin par la tolérance philosophique, à peine conquise par un siècle de débats ; il se justifierait par toutes nos déclarations de droits, inspirées du plus pur génie de l’incrédulité ; il se justifierait, dis-je, par l’athéisme même de la loi. Jusqu’à présent le clergé n’a pas profité du droit qu’assure à tout ecclésiastique la législation de 89, mais pourquoi ? C’est que depuis 89 la situation de l’Église, ses rapports avec l’État, son influence sociale, ont été réglés d’une autre manière, par le concordat. Mais supprimez le concordat, abolissez le budget ecclésiastique, et comme saint Paul fabricant des tentes pour vivre, le prêtre fera du commerce, de l’industrie, de l’enseignement, de la politique enfin, et de l’économie politique en concurrence avec tous les citoyens, et vous verrez bien autre chose.


Pour moi, si l’on me demande comment je pense sortir de cet effrayant cercle vicieux, qui nous montre, dans les éventualités de l’avenir, parmi les suggestions d’une société redevenue mystique à force de matérialisme, un califat universel sortant d’un scrutin universel, je déclare, dût-on me taxer de monomanie, que je n’aperçois d’échappatoire que dans la fédération.


Observons d’abord que pour raisonner avec justesse en