Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/217

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celui de la réclame et de l’éreintement, était devenu intolérable ; et quand les journaux se plaignent des entraves du pouvoir, on peut leur répondre qu’ils ont fait eux-mêmes leur destin. Qu’ils traitent le public et la vérité comme ils voudraient que le gouvernement les traitât, et j’ose le leur prédire : la vérité serait bientôt libre en France et la presse avec elle.


On doit comprendre à présent, d’après cette monographie fort écourtée du journal, comment certains rédacteurs des principaux journaux de Paris ont été conduits à accepter la décoration du gouvernement piémontais. Notre système politique et social est ainsi fait, que toute vie, toute profession, toute entreprise, relève nécessairement d’un intérêt, d’une coterie, d’une corporation, d’une opinion, d’un parti, d’une clientèle, en un mot d’un groupe. Dans une situation pareille, l’écrivain est toujours dans la vérité et la probité relative ; il n’y a pas pour lui de vérité ni de vertu vraie. Pour servir la vérité sans partage, il faudrait s’affranchir de toutes les servitudes qui composent la presque totalité de l’existence, rompre en visière à tous ces groupes de hauts et puissants intérêts, briser toutes ces unités. Chose impossible, tant que le système politique et social n’aura pas été réformé de fond en comble.


Les choses étant ainsi, l’entrepreneur de publicité se demande naturellement pourquoi, après maints services rendus par lui à son opinion, à son parti, disons-le même, à ses concitoyens, à sa patrie, il n’en recevrait pas, soit une distinction honorifique, soit même un émolument ?