Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/218

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Pourquoi il refuserait une récompense d’une cause étrangère, mais analogue à celle qu’il est chargé dans son propre pays de défendre et s’y rattachant par un lien solidaire ? Quoi de plus simple, par exemple, que les organes de l’unité, tels que les Débats, le Pays, la Patrie, le Siècle, l’Opinion Nationale, etc., considérant la monarchie italienne comme une contre-partie de la monarchie française, soit de la république une et indivisible, acceptent la décoration du roi d’Italie ?


Et c’est à quoi je réponds, non pas, comme M. Pelletan, en faisant ressortir l’inconvenance d’une décoration monarchique placée sur une poitrine de démocrate, mais au nom de la vérité même, qui, absolue de sa nature, exige de celui qui s’en fait l’apôtre une garantie d’indépendance également absolue.


En veut-on une preuve irrécusable ? Je suppose qu’au lieu de décoration il s’agisse d’une subvention, comme le bruit en a couru. Ceux qui, en toute sécurité de conscience, ont reçu la décoration de Saint-Lazare, eussent-ils accepté de même une somme d’argent ? Non, certes ; et si je me permettais de les en accuser, je serais poursuivi par eux en diffamation. Remarquez pourtant que la subvention pourrait se justifier de la même manière que la décoration ; que tout ce qu’on peut dire en faveur de celle-ci, on pourrait le répéter en faveur de celle-là ; que dans une exacte logique, enfin, il y a parité entre les deux faits. Pourquoi donc, par une inconséquence qui témoigne de leur honnêteté, les mêmes hommes mettent-ils une si grande différence