Page:Proudhon - La Révolution sociale démontrée par le coup d’État du 2 décembre.djvu/161

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expression de la classe moyenne, ayant pour but le développement de toutes les facultés du pays, et l'éducation pacifique du peuple ? eu ce cas, une réforme de la constitution du 15 janvier est indispensable. Pour vivre de sa vie normale, cultiver son sol, exploiter ses mines, échanger ses produits, la France n’a pas besoin d’être tenue sur pied de guerre, menée tambour battant, dans le silence de la tribune et de la presse, comme s’il s’agissait d’un départ pour Madrid, Wagram ou Moscou. Les pouvoirs du président sont hors de proportion avec ses devoirs : ce n’est plus l’idée qui règne, c’est l’homme. Pourquoi ce sénat à coté de ce corps législatif, si le gouvernement du 2 décembre exprime la résolution des partis, la fusion des classes ? Pourquoi, à l’encontre des principes de 89, et par un renversement d’idées tout féodal, le chef de l’état s’arroge-t-il l’initiative de la Loi, tandis que les représentants n’ont que le veto ? Comment, dans la démocratie napoléonienne, le contrôle, jadis une garantie d’ordre, est-il devenu un péril ? Comment des représentants du peuple ne peuvent-ils interpeller le gouvernement, lui demander ce qu’il a fait de ses trésors et de ses enfants ? Comment ces mandataires, délibérant sans publicité, bien que non sans témoins, ne peuvent-ils rendre compte au peuple de la manière dont ils ont rempli leur mandat ?... Tout semble à contre-sens, faute d’explication suffisante, dans la constitution du 15 janvier. Et comme la raison publique ne se que d’après ce qui est exprimé, non sur ce qui est sous-entendu, tôt ou tard cette machine, mal construite pour l'office qu'elle doit remplir, trahira le mécanicien : il sera