Page:Proudhon - La Révolution sociale démontrée par le coup d’État du 2 décembre.djvu/162

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

balancé, comme ce roi de Babylone qui, revêtu de tout le despotisme oriental et ne répondant point par ses actes à la grandeur de son pouvoir, fut trouvé trop léger, Et inventus est minus habens !...

Que dirai-je du serment ? une inconséquence de plus.

Les partisans de la légitimité, sur l’avis du comte de Chambord, refusent de le prêter : ils ont raison, et font en cela preuve de loyauté. Dans les idées royalistes, le serment est un acte de vasselage, qui lie, d’un lien unilatéral et personnel, celui qui prête le serment à celui qui le reçoit. Mais j’avoue que je ne saurais admettre cette délicatesse chez un républicain, et les raisons de MM. Cavaignac et Carnot ne m’ont pas convaincu. Le serment, pour un républicain, n’est qu’une simple reconnaissance de la souveraineté du peuple en la personne du chef de l’état, par conséquent un contrat synallagmatique, qui oblige également et réciproquement les parties. Le royaliste jure sur l’évangile, le républicain sur la révolution : ce qui est fort différent. C'est ainsi que prêtèrent serment à Louis-Philippe Garnier-Pagès, Lamartine, Ledru-Rollin. Louis-Napoléon l’entendrait-il autrement ? Ce qui est certain, c’est qu’il ne l’oserait dire. J’estime donc que les représentants républicains, après avoir, sous le régime du 2 décembre, participé aux élections, devaient participer aussi aux travaux du corps législatif, et conditionner leur serment par leur opposition. Il n’y avait là ni parjure, ni restriction mentale : c’était s’accorder avec soi-même, et affirmer la république. Mais la subjectivité nous aveugle tous : dans nos opinions, nous ne voyons