Page:Proudhon - Manuel du Spéculateur à la Bourse, Garnier, 1857.djvu/247

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Les billets se déprécièrent ; ils perdirent jusqu’à 10 0/0. Les demandes de remboursement montèrent à un million et demi par jour. Le conseil dut en limiter le chiffre à 500,000 fr. Il réduisit en même temps les escomptes. La circulation descendit à 48,334,000 francs, et l’encaisse métallique à 1,136,000 francs. Heureusement les succès militaires vinrent relever le crédit public et arrêter la débâcle.

Napoléon se montra fort irrité de cette crise, qu’il attribuait au mauvais vouloir et à l’incapacité des administrateurs. Afin d’en prévenir le retour, il n’imagina rien de mieux que de placer la direction de la Banque aux mains de ses agents. La loi du 22 avril 1806 créa un gouverneur et deux sous-gouverneurs nommés par le pouvoir, régla les formes de l’administration et du contentieux, prorogea de vingt-cinq ans le privilége de l’établissement, porta à 90 millions le capital, qui n’était que de 45, et autorisa la répartition aux actionnaires de deux tiers des bénéfices affectés au fonds de réserve.

La Banque ne tarda pas à se trouver embarrassée d’un capital hors de proportion avec la somme de ses affaires. Elle sollicita et obtint l’autorisation de le réduire en rachetant ses propres actions. Elle le ramena ainsi à 67,900,000 fr.

La loi de 1803 admettait en principe la création de banques départementales indépendantes[1]. Celle de 1806 et le décret organique du 16 janvier 1808, ramenant tout à l’unité, ne reconnurent qu’une institution centrale et des comptoirs subordonnés. Trois essais de comptoirs furent tentés sans succès, en 1809 à Lyon et à Rouen, en 1810 à Lille.

La Banque parut, un instant, devoir suivre la destinée de l’empire. Au commencement de 1812, le portefeuille était à 15 millions ; il tomba à 10 dans le courant de l’année ; il remonta à 45 dans le courant de 1813. Enfin, au commencement de 1814, la Banque cessa pour ainsi dire de fonctionner. Elle brûla ses billets, et invita les comptes courants à retirer leurs fonds. Les réserves descendirent à 5 millions, la circulation à 10, les comptes courants à 1,300,000 fr.

  1. La première banque départementale ne fut créée qu’en 1817 : ce fut celle de Rouen.