Page:Proudhon - Manuel du Spéculateur à la Bourse, Garnier, 1857.djvu/511

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IV. sociétés d’échanges.


Celles-ci ont pris la chose de plus haut ; et si ce n’est encore dans l’excitation, du moins quant à l’idée, elles ont, à notre avis, touché le but. Les services qu’un vaste système de crédit, circulation et escompte, est appelé à rendre consistent moins dans la réduction des frais de commission que dans la création du débouché lui-même et la destruction des organes parasites qui l’obstruent.

En dernier analyse, que le commerce se fasse avec du numéraire ou avec du papier, le travail se paye par du travail. Tout individu muni d’un état est donc solvable. Cependant les tailleurs n’ont point de chaussures, ni les cordonniers d’habits : d’où vient cela ? Évidemment, ce n’est pas faute aux uns et aux autres de savoir produire, pas plus que de vouloir acquérir : le mal n’existe ni dans l’organisation du travail, ni dans l’organisation de la consommation. Il est tout entier dans la difficulté de l’échange.

Sous la pression du besoin et l’inspiration d’une idée si simple sont nés des projets de réforme innombrables, qui tous ont pour but d’organiser entre les producteurs, sans distinction de qualité ni de fortune, l’échange direct, c’est-à-dire, soit de supprimer dans le commerce l’emploi de la monnaie, soit au moins de suppléer à l’insuffisance de sa fonction. Nos mains sont pleines de prospectus. Nous nous bornerons à en rapporter les titres :

Réforme monétaire, de M. Mazel, opérant au moyen de bons d’échange ;

Comptoir d’échange et de commission, qui doit joindre aux opérations de banque ordinaire les avances sur marchandises, les crédits à découvert sur caution, et l’émission de bons à vue sur les producteurs qui consentiront à les recevoir en échange de leurs produits ;

Société générale de crédit privé, qui se propose d’émettre des obligations à long terme ;

Monnaie auxiliaire (d’Esclée et Cie) ;