Page:Quesnay - Essai phisique sur l'oeconomie animale.djvu/2

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Par le mouvement & par la divifion dont la matiere eft: fufceptible, elle eft partagée en des parties d’une petiteffe énorme , differentes entre elles par leur figure, par leur mobilité & même par leur grandeur.

On appelle Elemens, celles de ces petites parcelles de matiere qui font em-ploiées à la compofition & à l’entretien des mixtes , c’eft-à-dire, des corps compofés, & qui dans la diffolution parfaite de ces mixtes, fe retrouvent dans leur fimplicité & dans leur premier état[1].

La connoiffance de petits atômes ou corpufcules, que la nature emploie regulièrement à la conftruction des corps,

  1. L’extrême petiteffe de ces Elcmens, les rend abfolument imperceptibles : nous n’en pouvons donc connoître avec certitude, que les proprietés ou les effets fenfibles. Auffi eft-ce là en toute rigueur, où doit commencer la doctrine de l’Art de guérir. On doit pour cette raifon, regarder comme fans confequence ce que nous avons ofé hazarder de plus ; car qu’il y ait par exemple du vide ou non dans la nature ; qu’il y ait une matiere infiniment fluide & fans action, ou que cette matiere foit elle-même le principe de toute activité ; que les molécules du feu foient des globules folides, ou comme le veut le P.M. dcs tourbillons de matiere fubtile ; que la pefanteur, la fluidité, l’éla-fticité, & la rarefeibilité de l’air dépendent de celui-ci, ou de quelqu’autre matiere qu’il renferme ; toutes ces premieres connoiffanees nous font inutiles, l’Art de guérir ne peut rien que fur les caufes immédiates des phenomenes qui le concernent. Sa doctrine par-conféquent, doit être indépendante de toutes les hipothefes des Plificiens fur la nature des Elecmens & des caufes premières, & de toutes leurs differentes façons de laite jouer la matiere fubtile & d’animer l’univers.