Page:Quicherat - Petit Traité de versification française, 1882.djvu/58

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Une des facilités données à notre versification, et aussi un des eharmesdenotrepoësie,cohsistedans !a liberté qu’a celle-ci de modifier l’ordre dont nous venons de parler, en d’autres termes d’employer l’inversion. L’inversion est un des traits les plus frappants qui distinguent de la prose le langage poétique. 1° Il est permis de placer la préposition et son complément avant le substantif, ou l’adjectif, ou le verbe dont ils dépendent. Cette transposition est trèsfréquente.

Que les temps sont changés Sitôt que de ce jour La trompette sacrée annonçait le retour,

Du temple, orné partout de festons magnifiques, Le peuple saint en foule inondait les portiques ; Et tous, devant l’autel avec ordre introduits,

De leurs champs dans leurs mains portaientles premiers [fruits. RAC.

2° Lorsqu’un verbe en gouverne un autre à l’infinitif, le pronom qui est le régime du second se met élégamment avant les deux verbes, au lieu d’être intercalé au milieu. On dit en prose : je veux le voir ; en poésie on peut dire je le ~eua ; voir.

Si tu me veux aimer, aime-moi sans me craindre. CORN. Ce terme est équivoque il le faut éclaircir. BOIL. Une reine à mes pieds se vient humilier. RAC. Hermione, seigneur ? il la faut oublier. In.

Oui, je le vais trouver, je lui vais obéir. VoLT. 3° En prose, le pronom personnel joint à l’impératif se met toujours après cet impératif. En poésie