Page:Quicherat - Petit Traité de versification française, 1882.djvu/59

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on peut le placer avant, en remplaçant mot, toi, par Me, te. Il faut observer que cette construction n’a lieu que pour un second membre de phrase, et après une des conjonctions et, ou. Au lieu de et laisse-toi conduïre, on peut dire e< te laisse conduire. Sors du trône, et te laisse abuser comme moi. CORN. Polissez-le sans cesse, et le repolissez. BOIL.

Tu veux servir va, sers, et me laisse en repos. RAC. 4" Les adverbes pas, point, plus, construits avec un infinitif, et assez, joint à un adjectif, se transposent quelquefois en poésie, c’est-à-dire se placent après l’infinitif ou l’adjectif. Cette inversion a déjà un peu vieilli.

Car c’est ne régner pas qu’être deux à régner. Comt. D’un Romain lâche assez pour servir sous un roi. ID. Aux menaces du fourbe on ne doit dormir point. MoL. Et que tout l’univers apprenne avec terreur

A ne confondre plus mon fils et l’empereur. RAC. En m’arrachant mon fils, m’aurait punie assez. VoLT. 5° Nous avons dit que la prose met quelquefois le sujet après le verbe, comme dans les phrases suivantes Vienne le temps, les dépenses ~u’a occasionMeM votre luxe, le siècle où vivait César, etc. Ces inversions sont, bien entendu, admises dans la poésie. 6° Dans l’ancien tangage français, la transposition du sujet était fréquente. Jusqu’à Boileau, la poésie profita de cette liberté de construction, qu’elle a perdue aujourd’hui presque absolument.

Les exemples suivants, qui s’éloignent de l’ordre