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DU MANGEUR D’OPIUM

wallis, car cet homme qui nous a rendu la paix en Orient et en Occident, je dois le considérer comme un grand homme. » Nous accompagnâmes volontiers le comte à Phœnix-Park, où résidait alors le Lord Lieutenant, et nous lui fûmes présentés en audience particulière. J’avais vu une gravure célèbre en son temps, où était représenté Lord Cornwallis recevant comme otage à Seringapatam les jeunes princes de Mysore et je connaissais en gros ses états de service. Cela ajouta à l’intérêt que j’éprouvai à le voir, mais je fus désappointé en ne retrouvant dans son extérieur aucune trace de l’énergie et de l’activité que je m’attendais à trouver chez lui. Il me parut au contraire, lent et même lourd, mais bon et bienveillant à un tel degré qu’il s’attirait tout de suite la confiance. Nous le vîmes souvent, car Lord A. nous emmenait avec lui partout quand nous le demandions, et pour moi ce fut un plaisir tout particulier que de voir des personnes qui portaient des noms historiques, c’est-à-dire des noms qui se rattachaient historiquement aux grands événements des époques d’Élisabeth ou de Cromwell, et qui fréquentaient Phœnix-Park. Mais les personnages que je me rappelle le plus distinctement avoir vus habituellement parmi les visiteurs d’alors étaient Lord Clare, le Chancelier, le défunt Lord Londonderry, alors Castlereagh, qui était, en ce temps-là, Chancelier de l’Échiquier, et le Speaker de la Chambre des Communes (qui depuis fut, je crois, fait Lord Priel). C’était avec le Speaker surtout, que Lord A. était en rapports intimes, plus qu’avec aucun autre personnage politique, car tous deux se dévouaient à encourager et à surveiller personnellement les grandes entre-