Page:Quincey - Souvenirs autobiographiques du mangeur d’opium, trad. Savine, 1903.djvu/111

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
88
SOUVENIRS AUTOBIOGRAPHIQUES

elle nous interpella tout exprès, comme ayant été ses compagnons de voyage, et elle ne soupçonnait absolument rien de notre côté, à ce que je suppose. Elle joignit même avec cordialité ses instances à celles de son mari pour nous faire promettre de leur rendre visite dans leur magnifique château.

Après avoir atterri à trois milles de Dublin, nous ne mîmes pas longtemps à gagner Sackville-Street, où le père de mon ami attendait anxieusement son fils, son fils unique. Il nous accueillit tous deux avec une bonté vraiment paternelle.

À partir de cette époque cependant les cinq mois suivants que je passai en Irlande chez mes nobles amis, je vis la plupart des scènes et des personnages qui offraient le plus d’intérêt dans ce pays.


III

L’IRLANDE


En Irlande fumaient encore les cendres de la rébellion. Lord Cornwallis, qui avait été envoyé expressément pour l’éteindre, et qui, disait-on, avait rempli sa mission avec énergie et succès, était alors lieutenant. Plus que tout autre homme public, il était l’objet de l’attention générale. Aussi ne fus-je pas fâché quand, le surlendemain de notre arrivée, le père de mon ami nous dit à déjeuner : « Maintenant, si vous voulez voir ce que j’appelle un vrai grand homme, venez avec moi ce matin. Je vous emmènerai voir Lord Corn-