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DU MANGEUR D’OPIUM

rable D-P…, et du doyen de F. qui suivit à cheval tous les mouvements de la cavalerie royale pendant cette campagne et fut témoin oculaire de bien des scènes importantes de l’insurrection locale du Connaught, aussi bien que de l’insurrection furieuse et plus nationale, qui eut son dénoûment à Vinegar-Hill, me permirent de contrôler les faits donnés par l’Évêque. C’était sur les domaines mêmes de ces gentlemen ou de leurs parents les plus proches que les Français avaient établi leurs garnisons, — le doyenné de F… était à six milles, au plus, d’Enniscorthy, tout près du camp da Vinegar-Hill, — de sorte que l’un et l’autre se trouvèrent dans une situation exceptionnellement favorable pour observer dans ses moindres détails le théâtre de chacune de ces guerres locales.

Le commandant on chef de l’expédition française est ainsi décrit par l’Évêque.

« Humbert, le chef de cette singulière troupe, était lui-même un personnage aussi extraordinaire qu’aucun autre de son armée. Il était d’une belle taille et bien bâti, dans toute la force de l’âge, prompt à prendre un parti, rapide dans l’exécution. Il paraissait posséder à fond son art, et on ne pouvait refuser de reconnaître en lui un bon officier, quoique sa physionomie n’inspirât aucune sympathie pour l’homme. Ses yeux, qui étaient petits et sans éclat (peut-être par suite de veilles excessives) avaient un regard oblique qui exprimait la ruse et même la cruauté ; c’étaient ceux du chat qui va s’élancer sur sa proie. Son éducation et ses manières indiquaient qu’il était sorti des rangs les plus bas de la société, bien qu’il sût se donner, quand il le fallait, toute l’apparence