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SOUVENIRS AUTOBIOGRAPHIQUES

imposent le respect aux sentiments mêmes qui lui sont les plus étrangers, et à accepter son influence en une soumission mystérieuse. Ainsi donc gardez-vous bien de me compter au nombre de ceux qui évaluent de telles choses d’après une échelle d’utilité directe, immédiate, cette arithmetica officina[1] m’est en abomination depuis que je suis au monde. Mais j’affirme toujours que, dans notre analyse d’une université ordinaire, d’un « collège » pour employer une expression provinciale, nous ne sommes point encore arrivés à un élément utile au point de vue de la science ou de l’éducation, au point de mériter une aide nationale de quelque importance. Jusqu’à présent on a rendu un hommage public à la bonne cause, c’est très bien, mais on n’a rien fait dans le but spécial de favoriser cette cause, on n’a donné aucune impulsion à la marche en ayant, rien fait qui puisse paraître en proportion avec le nom et les prétentions d’une Université. Jusqu’à présent, on ne voit rien qui dépasse ce que peut faire une petite ville commerçante. Quant à la bibliothèque en particulier, on peut dire tout d’abord qu’il suffirait, pour la constituer dans ses parties essentielles, de présenter, pendant un seul jour, une liste de souscription aux négociants de Liverpool ou de Glasgow, et ensuite que les étudiants obtiennent bien rarement l’autorisation d’en faire librement usage.

Quelles sont les autres fonctions d’une Université ? Celles que j’ai mentionnées d’abord, et qui consistent à établir un lieu de rendez-vous pour le grand corps des professeurs et des étudiants, et un endroit où sont réunis les différents établisse-

  1. Arithmétique de cuisinière.