Page:Quinet - Œuvres complètes, Tome VII, 1857.djvu/226

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Qu’un homme vive encor sous ses cendres semées,
Et qu’il soit dans les cieux un dieu, dieu des armées ?


XXI

LE COURONNEMENT

 
Et dans Rome le pape a vu son dais trembler,
Son globe d’or, au loin, vers l’abîme rouler,
Et le géant d’Arcole arrivé sur le faîte.
Mais que fait au géant le pavois sur sa tête,
Le monde sous ses pas, si toi-même, seigneur,
Tu ne mets à son front son bandeau d’empereur ?
Le pape s’est levé quand le monde s’incline.
Pourquoi ne va-t-il pas debout, sur sa colline,
À Saint-Jean De Latran, en face des déserts,
D’un même mot bénir la ville et l’univers,
À l’heure où, dans son deuil, la terre fait silence,
Et qu’il ouvre son livre et lui lit sa sentence ?
Pourquoi le pèlerin endormi dans sa cour
Demain l’attendra-t-il jusqu’à la fin du jour ?
Pourquoi le flot du Tibre, et sa barque brisée,
Et la villa qui dort, et l’herbe sans rosée,
Et la cendre d’un monde, et son ombre à genoux,
En vain rediront-ils : " Père, bénissez-nous ! "
C’est qu’une main le pousse, au bout de ses années,
Vers l’endroit où se font les grandes destinées.
C’est qu’il faut, avant tous, qu’il pèse dans sa main
L’or sincère et le faux au front du genre humain ;