Page:Quinet - Œuvres complètes, Tome VII, 1857.djvu/227

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C’est qu’au banquet des rois, s’il ne devient leur hôte,
Il n’est point de grandeur, ni de chute assez haute.

Où va-t-il ? Qui le sait ? Les petits des oiseaux
Sous son dais l’ont suivi pour compter ses joyaux.
Au bord de son chemin, les hautes cathédrales
S’agenouillent dans l’ombre et tremblent sur leurs dalles,
Et le monde qui pleure et le voit par hasard
Dit, sans le reconnaître : " Où va-t-il, ce vieillard ? "
Ah ! France, c’en est trop. Ah ! Baisse donc la tête
Quand, des monts descendu, sur ton seuil il s’arrête.
Cache pendant qu’il passe, au moins jusqu’à demain,
Ton front dans ta poussière, et ton doute en ton sein.
Essaye, au moins un jour, sous son pur diadème
De retrouver ta foi pour t’adorer toi-même.
Refais-toi dans une heure et ton culte et ton ciel,
Pour te diviniser toi-même sur l’autel.
Demain tu briseras, si tu veux, ton ciboire
Dès qu’il sera rempli du vin de ta victoire ;
Et tu dissiperas le dieu de ton orgueil
Ainsi qu’un héritage avant la fin du deuil.
Notre-dame, à Paris, dore tes tours funèbres ;
Exhausse ta muraille, et chasse tes ténèbres ;
Monte sur tes degrés jusqu’où vont les autans,
Et laisse en bas ta porte ouverte à deux battants,
Afin que sur leur char cent fameuses journées,
Coulevrines d’Arcole, à Thèbes basanées,
Vieux drapeaux des Césars, par les balles usés,
Et canons musulmans dans le sang baptisés,