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VIN

et ose me soutenir que je ne goûterai, point le vin de ma vigne ! À quoi l’esclave répondit : Seigneur, entre la coupe et la bouche il y a assez d’espace pour quelque accident qui peut vous en empêcher. Comme il prononçait ces mots, on vint annoncer au roi qu’un sanglier ravageait son vignoble. À cette nouvelle, il ne songe plus à boire, et se précipitant hors de son palais, il vole à la rencontre du féroce animal, qui s’élance sur lui, déchire ses entrailles et l’étend mort sur la place.

Dans l’Odyssée, Antinoüs, un des amants de Pénélope, périt à peu près dans la même circonstance, car au moment où il portait la coupe à sa bouche, Ulysse lui perça la gorge avec une flèche.

Vin de Brétigny qui fait danser les chèvres.

Quoique le terroir de Brétigny, près de Montlhéri, soit reconnu peu propre à la vigne, cependant il n’est point certain, dit Saint-Foix, que ce soit le vin de ce lieu qui a donné occasion de parler de Brétigny, comme d’un pays de mauvais vin ; peut-être le mépris du vin de Brétigny est-il venu de Bourgogne à Paris. Il y a en effet un village du même nom près de Dijon, et, comme il est dans la plaine, le vin est naturellement moins bon que celui des côtes voisines. Mais le proverbe porte que le vin de Brétigny fait danser les chèvres ; et l’on assure qu’à Brétigny, près de Montlhéry, il y avait autrefois un homme nommé Chèvre, dont la folie, quand il avait bu, était de faire danser sa femme et ses filles. On peut penser que l’homonymie des deux villages aura fait rattacher au proverbe antérieurement connu cette plaisante tradition.

Vin d’une oreille.

On appelle ainsi le bon vin, parce qu’en le dégustant on marque l’approbation par l’inclination de l’oreille gauche ; le vin de deux oreilles, au contraire, ne vaut rien, parce qu’on secoue les deux oreilles en signe de mécontentement.

Le vin donné aux ouvriers est le plus cher vendu.

Les travaux corporels augmentent la soif, dit Brillat-Savarin. Aussi les propriétaires ne manquent jamais de fortifier les ou-