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VIN

celui-ci, voulant honorer son hôte, la lui fit remettre afin qu’il y but le premier ; mais saint Martin, après l’avoir portée à ses lèvres, la fit passer à son clerc comme au plus digne de la compagnie. Une action si inattendue étonna tous les convives ; néanmoins elle ne déplut pas à l’empereur, qui loua, dit-on, saint Martin d’avoir fait à sa table ce qu’aucun autre évêque n’aurait osé faire à la table des moindres magistrats, et d’avoir préféré un simple ministre de Dieu au maître du monde.

On disait autrefois martiner pour bien boire, et l’on appelait l’ivresse mal de saint Martin, morbus sancti Martini.

Vin de la Saint-Martin.

On appelait autrefois ainsi l’argent que les maîtres donnaient aux valets et aux ouvriers pour faire la Saint-Martin.

Après bon vin, bon cheval.

Le Duchat explique ainsi ce proverbe : « Quand on a bu de bon vin on s’en ressent, et comme alors on ménage moins le cheval, il paraît meilleur parce qu’il va plus vite. » — Il me semble qu’on a dû dire après bon vin bon cheval, ou à bon vin bon cheval, pour signifier que lorsqu’on a bien bu, on a besoin d’un bon cheval qui ne bronche pas, et ne jette pas son cavalier à terre.

Vin versé n’est pas avalé.

Il ne faut pas compter sur l’avenir, car les espérances les mieux fondées peuvent être déconcertées à l’instant même où elles commencent à se réaliser. Ce proverbe, que nous avons reçu des anciens, a tiré, dit-on, son origine du traitt suivant. — Ancée, roi de Samos, l’un des Argonautes, fesait planter une vigne, et ne donnait aucun relâche aux esclaves employés à cet ouvrage, dans l’impatience où il était de le voir achevé. Un de ces malheureux, excédé de fatigue, prit la liberté de lui dire : Seigneur, à quoi bon nous presser tant ? vous ne boirez jamais du vin de cette vigne. Ancée prit à cœur ces paroles, et fit redoubler le travail. Aussitôt que les ceps eurent produit quelques raisins, il se hâta de les cueillir, de les exprimer dans un vase, et appelant son prophète : Regarde, dit-il,