Page:Régnier - Escales en Méditerranée.djvu/168

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la crête d’une colline dénudée qui domine la verte vallée, se profile sur le ciel clair une caravane de chameaux. Le caïdji rame plus vite, car la rivière est moins encombrée. Les promeneurs et les spectateurs des berges sont moins nombreux, moins nombreuses les femmes assises au bord de l’eau. Au moment où nous passons auprès d’un groupe, nous entendons des cris. Une de ces dames a glissé dans la rivière. On l’en retire toute ruisselante sous l’étoffe plaquée de son feredjé. Maintenant nous avons atteint la Corne d’Or. Là-bas la blanche coupole de la mosquée d’Eyoub que surmonte son noir bois de cyprès. Une teinte d’or crépusculaire se répand sur toute l’étendue marine. D’un grand caïque que nous côtoyons nous entendons, dans le silence, s’élever des voix et des rires.




Constantinople manque de « pittoresque humain ». La foule, les gens, les passants ne vous y donnent guère l’impression de l’Orient. Le vieux costume turc, culotte bouffante, veste à larges manches, caftan, n’est plus guère porté. Parfois on croise quelque iman, quelque hodja que son turban vert désigne comme un pèlerin de La Mecque. Seul le