Page:Régnier - Escales en Méditerranée.djvu/205

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Nous avons décidé d’aller passer deux ou trois jours à Damas. En quittant Beyrouth, le train suit, pendant quelque temps, le rivage, puis il commence à gravir les premières pentes du Liban. À mesure que l’on monte et que le soir approche, la lourde chaleur se dissipe un peu. La locomotive halète courageusement. Le paysage prend de la grandeur et de l’âpreté, mais bientôt s’obscurcit, et la nuit tombe. Déjà nous avons atteint une certaine altitude. Un air rafraîchi pénètre par les portières ouvertes. Tout à coup des lumières apparaissent. Le train se ralentit et s’arrête à une gare. Le long de la voie des tables sont rangées. Sur les nappes, des lampes électriques posées éclairent des argenteries et des corbeilles de fleurs. Autour de ces tables sont assis des hommes en smoking et des femmes en toilettes de soirée qui devisent joyeusement. Nous sommes à une station d’été, dans la montagne, où les familles aisées de Beyrouth viennent chercher du bon air et du repos. Tout ce monde semble fort s’amuser. On mange, on fume, on cause. Des colliers de perles cerclent des cous gras, des bagues étincellent à de gros doigts. Éventails et cigares.

Le train a quitté cette villégiature libanaise et il a gagné une région de plateaux pierreux et de rochers dénudés, coupée de profondes