Page:Régnier - Escales en Méditerranée.djvu/206

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vallées, de brusques ravins, qu’une pleine lune éclaire durement et jusqu’en son détail, en ses creux et en ses reliefs. Çà et là, un village perdu dans la haute solitude de la montagne. Puis c’est le désert sous la nuit argentée et maintenant froide. Les portières fermées, nous nous enveloppons dans nos couvertures. Nous avons atteint l’altitude extrême du point de la chaîne que nous traversons. Nous allons descendre le long de l’autre versant. Peu à peu le froid, la fatigue, le mouvement du train nous engourdissent jusqu’au sommeil. Quand je me suis réveillé, une pointe d’aube se levait sur Damas.

De la gare une voiture nous emporte vers l’hôtel. Le trot des chevaux retentit sur le sol d’une large avenue déserte. Les choses commencent à se laisser distinguer vaguement. On entrevoit de grands bâtiments qui doivent être des casernes. Des maisons basses bordent des rues étroites au dur pavé. À l’hôtel, le Damascus-Palace, tout dort. Nous parlementons dans le vestibule vide. Enfin on nous conduit à nos chambres. La mienne est assez vaste et proprement meublée, au bout d’un interminable couloir. La lumière blanche de l’aube y pénètre par deux fenêtres. J’en ouvre une et je me penche au dehors… À quelques mètres de moi se contourne sur son fût fuselé