Page:Régnier - Escales en Méditerranée.djvu/49

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ses flancs harmonieusement allongés les puissants organes mécaniques qui sont les obscurs et brûlants génies de sa vogue et de sa vitesse.




Nous sommes à l’ancre dans la baie de Bonifacio, devant le petit quai que dominent la ville en échelons et sa grosse citadelle jaune. Le port ne contient que quelques barques et quelques voiliers. La baie, dont l’entrée étroite s’élargit pour former une espèce de lac aux eaux parfaitement calmes, est bordée de hautes murailles de rochers à pic, creusés d’anfractuosités bizarres, de grottes humides et sombres. C’est de ces profondeurs caverneuses de l’île napoléonienne qu’a dû sortir « l’Ogre de Corse ». Bonifacio est une bizarre petite ville. Ses étroites rues en pente rude sont pavées d’un cailloutis dur qui râpe les semelles. Les maisons sont en pierres massives, trapues. Quelques-unes s’ornent de portes aux linteaux grossièrement sculptés. L’aspect est mi-provençal, mi-italien, et plutôt rébarbatif. Les gens nous regardent passer avec indifférence, tandis que nous montons vers la citadelle dont la lourde masse orangée se carre sur le ciel bleu.