Page:Régnier - La Canne de jaspe, 1897.djvu/103

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tant par l’entrebâillement des portes que par les fissures des consciences, et Dom Ricard lui facilita les moyens de son enquête. Ses premières recherches restèrent sans résultat. Favorisées par l’incognito de son costume et l’apparence de son état, elles furent patientes et diverses. Il flaira les entours de l’hôtel d’Heurteleure, en scruta les habitudes et les êtres, en palpa la vie. Il ausculta les rumeurs encore vivaces de l’événement. Tout fut vain. Il voulut voir Madame d’Heurteleure. On lui répondit qu’elle était malade, il ne put vaincre la clôture où elle s’enfermait. Chaque jour, il passait devant l’hôtel. Il suivait la rue qui monte le long du soubassement et s’arrêtait devant la façade. Bien souvent il alla jusqu’à cette fontaine dont il me parlait. L’eau fraîche calmait sa bouche ; au retour, et en redescendant les marches il examinait l’énorme bâtisse de pierre et de roc. Il aurait voulu y appliquer l’oreille et y écouter le mystère ; il lui semblait que les flancs de la vieille demeure contenaient le fantôme du secret qu’il était venu évoquer du silence et qui retournait à l’oubli. Enfin, découragé, il se sentait sur le point de renoncer. Il aurait pris congé de Dom Ricard