Page:Régnier - La Canne de jaspe, 1897.djvu/239

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mouvement infime mais équivalent. En surplus elle offrait à Eustase le souvenir de tous les paysages où s’efforce et s’exténue ce que nos sentiments y retrouvent de leur image. Ses robes déjà, pour leur part, figuraient les nuances des saisons et l’ensemble de sa chevelure était à la fois tout l’automne et toutes les forêts. L’écho des mers murmurait certes en les conques naïves de ses oreilles. Ses mains fleurissaient les horizons dont ses gestes traçaient les lignes flexibles.

C’étaient ces ressemblances que lui interprétait Eustase ; il lui en détaillait les infinitésimales analogies et lui donnait le plaisir d’avoir, à chaque instant, conscience de ce qu’elle était, agrandie de ce qu’elle semblait être. Elle touchait ainsi au monde par chaque pore de sa peau charmante et par chaque point de son égoïsme moite, friable et comme spongieux, n’aimant que soi dans tout, mais d’une façon communicative et amalgamée.

Ils vivaient ainsi, heureux ; elle, ne voyant de tout l’extérieur que ce qui la constituait et ce qu’elle en constituait, et lui, le voyant tout entier en elle. Parfois ils juxtaposaient leurs pas pour