Page:Régnier - La Canne de jaspe, 1897.djvu/52

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cessaires pour décourager la familiarité en acquiescant néanmoins à des usages auxquels satisfaisait la faveur de sa présence. Passé cette condescendance, sa vie se renfermait. La curiosité même en avait admis le secret sans plus chercher à le pénétrer. On m’en parla dans les premiers temps de mon séjour et si le hasard des rencontres ne m’eût mis en relations, d’abord de courtoisie, puis peu à peu d’amitié, avec un des convives de ces dîners mystérieux, jamais je n’aurais pensé à pouvoir souhaiter d’y être admis. Mon ami ne manquait jamais de s’y rendre et rien ne le détourna, une fois, de son assiduité.

Au soir dit, chaque arrivant, me racontait-il, quand je l’interrogeais sur le rituel de ce culte singulier, descendu à la grille et, la cour traversée, trouvait au vestibule un vieux valet à cheveux blancs : chacun recevait de lui une petite lampe allumée. Sans que personne accompagnât le visiteur, il se dirigeait vers l’appartement de la Princesse. Le trajet, long, se compliquait d’un entrecroisement d’escaliers et de corridors. Les pas sonnaient sur le pavage des paliers ou les mosaïques des galeries, craquaient au parquet des grandes salles ou