Page:Régnier - Les Médailles d’argile, 1903.djvu/29

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Briseront de nouveau la médaille fragile,
Pour que ta grâce garde à cette vaine argile
D’où ta face charmante aura fui sans retour
Une odeur de beauté, de jeunesse et d’amour
Qui fera des débris de ton image aimée
Une poussière d’elle encore parfumée.


*


Non, ne regarde pas sa médaille ; il y ment
Un visage amoureux, délicat et charmant
Qui, de ses yeux baissés et de sa belle bouche,
Te sourit, anxieux ou doucement farouche,
Et triste comme si, peut-être, au fond des bois
Errante, au crépuscule, une rose en ses doigts,
Elle écoutait, debout, parmi l’ombre incertaine,
Pleurer l’eau qui suffoque aux gorges des fontaines
Ou suivait, dans le vent qui la froisse aux cailloux,
Le bruit mystérieux, âpre, morose et doux
D’une feuille en son or frissonnante et séchée.
On dirait qu’elle écoute au fond de sa pensée,
Car l’Automne déjà semble lui parler bas
À l’oreille. Ami ! non ne la regarde pas,
Ne la regarde pas ainsi, ce n’est pas elle,